L’histoire du mètre est telle qu’en proposer une version exhaustive demanderait un travail que je n’ai pas fait ici. Je me contente d’en livrer un résumé subjectif, que je veux condensé et vulgarisé.
Le mot géomètre est constitué de deux particules : geo et mètre. La première, geo, vient du grec ancien et signifie terre. La seconde, mètre, trouve elle aussi ses origines étymologiques du côté du grec ancien, en particulier de metron, qui désigne la mesure. Le géomètre est donc celui qui mesure la terre.
Mais le mètre, au-delà de ses racines étymologiques, peut à lui tout seul faire l’objet d’un livre tant son histoire est passionnante. Denis Guedj, écrivain spécialisé dans l’histoire et la vulgarisation des mathématiques, s’y est d’ailleurs essayé avec brio dans son livre « Le mètre du monde » paru le 05/05/2000.
On ne s’en rend plus compte, ou on l’a oublié, mais le mètre a été au cœur d’enjeux scientifiques, sociaux, économiques et géopolitiques majeurs.
Avant le mètre
Il existe depuis l’Antiquité des unités de mesures. Ancrées localement, celles-ci se multiplient jusqu’à créer beaucoup de confusion. Pied romain, coudée greco-romaine, coudée arabe, coudée égyptienne, toise ou lieue françaises, chacun y va de son unité de longueur. On recense, rien qu’en France, plusieurs centaines unités de mesure. Difficile dès lors de se mettre d’accord, de comparer ou de commercer.
Cette hétérogénéité, qui conduit parfois à certaines formes d’injustice, n’est plus acceptable à l’aube de la Révolution Française. Les cahiers de doléances réclament une unité de mesure universelle, pour mettre fin à la cacophonie et à l’arbitraire.
Le mètre, héritage de la Révolution française
Le 9 mars 1790, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, diplomate français, relaie les suggestions de l’Académie des sciences auprès de l’Assemblée nationale constituante : chercher dans la nature une mesure universelle et invariable.
L’assemblée nationale accepte la requête de Talleyrand et demande à l’Académie des sciences, alors dirigée par Condorcet, de monter une commission permettant d’établir une unité de mesure universelle. La commission, composée d’éminents scientifiques, planche sur le meilleur moyen d’obtenir le nouvel étalon de mesure. Elle rend son rapport le 19 mars 1791 et propose que l’unité de mesure universelle, le « mètre », corresponde à la dix-millionième partie du quart du méridien terrestre. Autrement dit, un mètre équivaudrait à un dix-millionième de la distance du pôle Nord à l’équateur.
Une mise en œuvre grandiose
Un fois qu’on a dit ça… Encore faut-il connaitre, donc mesurer, la longueur d’un quart de méridien terrestre. Condorcet propose de mesurer une partie seulement du méridien, et d’extrapoler le résultat pour avoir la longueur du quart. La partie en question est l’arc de méridien de Dunkerque à Barcelone. Et mesurer cette longueur a nécessité 7 ans de travail. C’est une véritable prouesse intellectuelle et technique.
Le système métrique, basé sur le mètre, est officiellement adopté en France le 10 décembre 1799. Mais faute à certaines résistances, Napoléon en tête, il ne remplacera véritablement les anciennes mesures qu’au milieu des années 1830.
Le mètre sert à mesurer des longueurs, certes. Mais il induit tout un système de mesures : le litre est défini comme étant un cube de 10 cm de côte et le kilogramme comme étant la masse d’un litre d’eau.
La mètre à l’assaut du monde
Le mètre s’internationalise. Et le 20 mai 1875 est signée la Convention du mètre par 17 états.
Le mètre est une unité de mesure. Comment dès lors pourrait-elle être éminemment géopolitique ? Laurent Testot, dans Cataclysme (un ouvrage absolument merveilleux que je recommande chaudement), nous en donne un bref aperçu : « jusqu’à la fin du XIXème siècle, chaque grande ville décidait des rythmes de la journée, se fixant une référence horaire qui différait généralement d’une quinzaine de minutes de celle de ses voisins. Londres impose au pays tout entier de s’aligner sur sa mesure du temps, ce que faisaient déjà les nombreuses compagnies ferroviaires depuis 1848, contraintes de coordonner sans accident le ballet des trains sur le territoire national. L’impérialisme français laisse faire. C’est un marché entre les puissances qui se partagent l’emprise sur le Monde. La France abandonne toute référence au méridien de Paris en échange de l’adoption internationale de sa mesurer des distances, le mètre. »
Le mètre devient universel au point que presque tous les pays du monde l’ont adopté. Aujourd’hui, seuls les Etats Unis, le Liberia et la Birmanie font bande à part.
Sources :
Livre Cataclysme – Une histoire environnementale de l’humanité, Laurent Testot
https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_m%C3%A8tre
Youtube : J’t’explique Le mètre : son origine, son histoire, la mesure de la Méridienne et sa valeur actuelle https://www.youtube.com/watch?v=PvlsXcOzNd0
https://www.nationalgeographic.fr/histoire/le-systeme-metrique-fruit-de-la-revolution-francaise
https://www.ege.fr/infoguerre/le-systeme-metrique-un-encerclement-cognitif-sans-pareil#:~:text=Le%209%20mars%201790%2C%20Talleyrand,loi%20du%201er%20ao%C3%BBt%201793.
Article rédigé uniquement avec ma tête, sans intelligence artificielle.